L'histoire de la vigne et du vin
Évolution au fil des siècles
La transformation graduelle de la vigne sauvage en vigne cultivée s'est probablement réalisée à partir du septième millénaire avant l'ère chrétienne. Domestiquée par les peuples d'Asie occidentale (les Sumériens, les Babyloniens, les Assyriens, les Égyptiens, les Hébreux, les Phéniciens…) la culture de la vigne s'épanouit pleinement sur les rives de la mer Méditerranée. Les Grecs, initiateurs de la viticulture en Europe méditerranéenne, sont relayés dans leur œuvre civilisatrice par les Romains : la Sicile et l'Italie du Sud d'abord, les régions méditerranéennes de la France et de l'Espagne ensuite, jusqu'aux rivages de l'Atlantique.
Le premier vignoble français s'implante à Massalia (aujourd'hui Marseille), grâce à ses fondateurs phocéens, vers 600 ans avant JC. Mais c'est avec l'arrivée des Romains que la culture de la vigne connait une extension systématique à travers la Gaule. Ce développement viticole du nord au sud, de l'est à l'ouest, s'explique d'une part, par la richesse que procure le vin, d'autre part, par les difficultés du transport du vin (surtout terrestre), qui en freinent la circulation marchande.
La vigne se répand au Ier siècle dans la vallée du Rhône, apparaît au IIe siècle en Bourgogne et dans le Bordelais, pour atteindre la Vallée de la Loire au IIIe siècle, la Champagne et la vallée de la Moselle au IVe siècle. Par la suite, avec la christianisation de l'Empire romain, la vigne s'implante jusqu'aux frontières septentrionales du pays.
Le christianisme a été un facteur important de propagation de la vigne et du vin en France. En 816, le Concile d'Aix-la-Chapelle encourage les viticultures épiscopales et monastiques. Le vin, indispensable au sacrement de l'Eucharistie, doit également être une monnaie d'échange, un élément de force économique et un moyen d'honorer les hôtes de marque (rois et grands féodaux). L'ancienne France monarchique a définitivement ancré l'entretien des vignobles dans les traditions culturales.
Après la découverte officielle de l'Amérique, le 12 octobre 1492, la civilisation européenne du vin part à la conquête d'un monde nouveau. Produits et appréciés en Amérique du Nord et du Sud, la vigne et le vin gagnent progressivement de nouveaux territoires : Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande, bordure nord-ouest du Pacifique...
La vigne couvre désormais près de huit millions d'hectares dans le monde. Actuellement, la France est le deuxième producteur mondial de vin.
Le vin, une culture
Depuis l'origine, la vigne et le vin ont marqué de leur empreinte la géographie et l'économie, l'archéologie et l'histoire, les mythologies et les religions, les arts et les traditions, le droit et la médecine, les paysages et les architectures.
On peut ainsi rappeler la représentation du dieu Bacchus / Dionysos, par d’innombrables peintres et sculpteurs, dont Michel-Ange, Vélasquez… et sur les fresques de Pompéi, entre autres. Le rôle du vin, déjà présent dans les textes bibliques, n’est plus à démontrer dans la symbolique chrétienne.
À l’instar de ces références culturelles et artistiques, les habitudes alimentaires et le commerce témoignent de l’importance du vin. Au fil du temps, c’est ainsi tout un art de vivre qui se met en place, particulièrement en France, pays de référence de la civilisation du vin et patrie de la gastronomie. Au point que Roland Barthes écrit, en 1957 : « le vin est senti par la nation française comme un bien qui lui est propre, au même titre que ses 360 espèces de fromages et sa culture ». (Mythologies)