2021
Points-clés du conseil spécialisé « viandes blanches » du 2 février 2021
Conjoncture économique des filières avicole et porcine : entre crises sanitaires et hausse des cours des matières premières pour l’alimentation animale
FranceAgriMer a présenté au conseil son bilan économique 2020 pour les productions animales et tracé quelques perspectives pour 2021 : PUBLICATION DU BILAN ELEVAGE 2020 : Les marchés des produits laitiers, carnés et avicoles. | FranceAgriMer - établissement national des produits de l'agriculture et de la mer
Filière volaille : pertes de débouchés et augmentation des coûts de production
La production française de volailles de chair s’est repliée de 1,6 % en 2020, en raison de la pandémie de Covid-19. Les mesures sanitaires prises pour contrer la propagation du virus ont entraîné un fort ralentissement économique dans les secteurs de la transformation industrielle et de la restauration hors domicile. Les évolutions sont toutefois contrastées selon les espèces. Si la production de poulet et de dinde s’est maintenue grâce au dynamisme des achats des ménages en grandes et moyennes surfaces, les filières de spécialité (canard gras, canard à rôtir, pintade), très dépendantes de la restauration hors domicile et des exportations, ont rencontré plus de difficultés pour adapter l’offre à la demande et réorienter les flux entre circuits de distribution. Les productions de ces filières sont en net repli en 2020.
Les exportations françaises de volailles ont aussi été impactées par la pandémie, avec un fort ralentissement des échanges sur le marché intra-européen en 2020. Globalement, les exportations françaises de viandes de volaille, toutes destinations confondues, se sont repliées de 13 % en volume par rapport à 2019 (- 13 % pour le poulet, qui constitue l’essentiel de la volaille exportée, - 10 % pour la dinde, - 18 % pour le canard et - 31 % pour la pintade). Néanmoins, le déficit commercial de la France en valeur s’est légèrement redressé suite au repli inédit des importations depuis l’Union européenne, lié à la fermeture des établissements de restauration hors domicile dans ce contexte de crise.
La perte de débouchés liée à la pandémie, a également engendré la constitution de stocks importants en France, qui pèsent sur les prix.
En outre, la filière volaille doit désormais faire face depuis deux mois à un nouvel épisode d’influenza aviaire hautement pathogène, qui a nécessité, à ce jour, l’abattage d’environ 3 millions de canards et autres volailles et conduit certains pays comme la Chine à fermer de nouveau leurs frontières.
Enfin, la forte hausse des cours des matières premières (céréales et oléoprotéagineux) à l’œuvre depuis le dernier trimestre 2020, impacte aussi le coût de l’aliment volaille et les coûts de production des éleveurs. Cette situation devrait perdurer au cours des prochains mois au vu des fondamentaux (forte demande mondiale en grains toujours tirée par la Chine, restrictions à l’exportation dans certains pays comme la Russie, conditions de culture dans le monde qui ont impacté les potentiels de rendement, augmentation du prix du pétrole…).
Filière porc : la demande chinoise sauve les exportations mais la rentabilité des élevages se dégrade
En 2020, la production porcine française a légèrement progressé malgré l’effritement du cheptel, en raison de l’alourdissement du poids des carcasses au moment de l’abattage.
Comme les autres filières agricoles, le marché du porc a subi les contraintes liées à la pandémie de Covid-19. S’est ajouté le problème de la fièvre porcine africaine qui s’est propagée de l’Asie jusqu’en Allemagne, touchée en septembre 2020. La fermeture de nombreux pays aux exportations allemandes a entraîné le report d’une grande partie de ces volumes sur le marché intra-européen.
Toutefois, la demande chinoise en viande de porc est restée très forte en 2020, son cheptel n’étant pas encore entièrement reconstitué. La Chine a ainsi absorbé près d’1/3 des exportations françaises de viande de porc mesurées sur 11 mois 2020.
Globalement, le chiffre d'affaires à l'exportation de la France est estimé à 1,8 milliard d'euros en 2020 pour l’ensemble des produits porcins (abats compris), en hausse de 168 millions d'euros (+ 10 %) par rapport à l'année 2019. Avec un solde commercial positif de 80,4 M€ (contre - 52,7 M€ en 2019), l’année 2020 fait figure d’exception par rapport aux cinq dernières années. Cette situation s’explique par des importations qui ont progressé moins vite que les exportations et surtout des prix plus rémunérateurs sur le marché mondial compte-tenu des besoins chinois. La situation pourrait se détériorer en 2021 suite à la moindre demande chinoise.
Sur le marché français, la consommation de porc s’est légèrement effritée en 2020 (- 1 %). Le dynamisme des achats des ménages qui ont privilégié les produits de première nécessité durant le confinement n’a pas entièrement compensé la fermeture de la restauration hors foyer.
Par ailleurs, le ratio de rentabilité des élevages français s’est dégradé depuis le début de l’année 2020 sous l’effet conjugué de la baisse des cotations du porc en Europe, dans le sillage de l’Allemagne touchée par la fièvre porcine africaine, et de l’augmentation du coût de l’aliment liée à la hausse des prix des matières premières. L’indicateur de marge brute de l’élevage, calculé par l’IFIP, est passé de 2 015 € par truie et par an en décembre 2019 à 881€ en décembre 2020.
Dans ce contexte de rentabilité dégradée pour les élevages de volaille et de porc, le conseil spécialisé viandes blanches de FranceAgriMer réitère l’appel du Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation à la prise en compte des hausses de coûts de production dans le cadre des négociations commerciales, par toutes les enseignes de la grande distribution: Comité de suivi des négociations commerciales du 29 janvier 2021 | Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation
FranceAgriMer rappelle que les cours des matières premières en dollars américains ont augmenté de 53 % pour le soja américain, de 32 % pour le blé tendre français, de 44 % pour l’orge fourragère française et de 42 % pour le maïs fourrager français, entre fin janvier 2020 et fin janvier 2021.
Impacts de la fièvre porcine africaine sur les marchés internationaux
Dans ses dernières prévisions mondiales du 12 janvier 2021 concernant le porc et la volaille, l’USDA table sur une reconstitution du cheptel porcin chinois plus rapide que prévu. La production chinoise de porc est désormais attendue à 43,5 millions de tonnes en 2021 (+ 2 Mt par rapport aux prévisions d’octobre 2020 et - 10 Mt par rapport à 2018 avant l’épidémie de fièvre porcine africaine).
Les importations chinoises de viande de porc sont projetées à 4,6 Mt (+ 217 % par rapport à 2018).
Dans le même temps, la progression de la production de viande porcine dans les autres pays du Monde restera limitée (+ 2 % par rapport à 2018). L’USDA prévoit néanmoins un potentiel d’exportation supplémentaire de 3 Mt en 2021 par rapport à 2018 pour alimenter le marché chinois, au prix d’un recul de la consommation dans le reste du monde.
L’augmentation de la production de viande de volaille en Chine, prévue à 14,9 Mt en 2021 par l’USDA (contre 11,7 Mt en 2018) devrait permettre de compenser près de la moitié de la baisse de production chinoise de viande de porc.
Où va le porc ? Étude sur la consommation et la distribution du porc et de ses produits
FranceAgriMer a financé une étude réalisée par l’IFIP pour mieux connaître les quantités de porc disponibles à la consommation et les destinations des différents produits issus de la transformation par circuits de distribution et segments de marché en France métropolitaine.
De la production jusqu’à l’assiette du consommateur, l’étude reconstitue la chaîne de transformation alimentaire et détaille les flux pour chaque maillon en distinguant :
- l’origine des ressources (production française, importations),
- les différentes utilisations (alimentation humaine, alimentation des animaux domestiques, exportation)
- les produits (viandes, salaisons, charcuteries, ingrédients)
- les circuits de consommation (à domicile, hors domicile).
Les résultats sont détaillés pour quatre pièces de découpe principales : longe, jambon, épaule, poitrine.
L’étude estime ainsi à 1,65 millions de tonnes les quantités de porc disponibles pour la consommation dont 70% de muscles.
Si le porc sert à la fabrication de multiples produits destinés à plusieurs segments de marchés, les grandes surfaces alimentaires assurent une part prépondérante de sa consommation (70%, on line inclus), supérieure à celle des autres espèces. Ce qui lui a assuré une bonne résilience durant la crise Covid. A contrario, le porc n’a pas profité de l’essor de la restauration hors domicile et des produits traiteurs, constaté au cours des dernières années, avant confinement.
La part des produits issus de muscles (70 à 85%) reste très largement majoritaire par rapport aux produits de mélanges (25 à 30%), destinés à la saucisserie par exemple.
Par ailleurs, l’étude pointe une meilleure valorisation des coproduits par les transformateurs.
Pour en savoir plus, consulter les documents ci-dessous présentés au conseil spécialisé viandes blanches du 2 février 2021.