2020
Conseil spécialisé ruminants du 22 janvier 2020
Bien-être animal : le Conseil National de l’Alimentation a engagé une concertation sur une expérimentation d’un étiquetage du mode d’élevage
Le Conseil national de l’Alimentation (CNA) a engagé une réflexion pour expérimenter un étiquetage des modes d’élevage, en vue de définir les conditions de sa mise en œuvre (quel champ pour l’expérimentation, quelles filières, quels modes d’élevage, quel type d’étiquetage) permettant de donner aux consommateurs des informations claires, compréhensibles et contrôlables.
Dans ce cadre, il a été décidé que les travaux du conseil spécialisé ruminants sur « les impacts économiques du bien-être animal » s’intègreraient dans cette thématique plus large. Un premier groupe de travail « bien-être animal », commun à toutes les filières d’élevage (ruminants et viandes blanches) s’est réuni le 14 janvier dernier sous l’égide de FranceAgriMer. Il a permis de recenser les interrogations des professionnels en termes de bénéfices/risques, de faisabilité économique et technique et de cohérence par rapport aux plans de filières. Une première proposition de l’interprofession du bétail et des viandes portant sur la révision du label rouge bovin pour tenir compte des modes d’élevage sera prochainement débattue au CNA qui rendra son avis fin mars. Le groupe de travail se réunira de nouveau, une fois l’avis du CNA rendu, afin d’étudier la proposition d’expérimentation qui sera proposée et d’évaluer ses impacts économiques.
RSE : des filières animales engagées pour répondre aux attentes sociétales
INTERBEV comme le CNIEL se sont engagés depuis plusieurs années dans une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises) pour intégrer l’ensemble des préoccupations sociales, environnementales et économiques dans leurs activités. Le plan de filière de l’interprofession laitière, venue témoigner au conseil spécialisé ruminants de FranceAgriMer, intègre depuis 2017 les attentes sociétales en matière d’éthique sociale, d’environnement et de bien-être animal. Le CNIEL dialogue en permanence avec les ONG environnementales et de protection de l’animal. L’interprofession lutte aussi contre le réchauffement climatique depuis 2014 à travers son programme « Ferme laitière bas carbone ».
Révision de la stratégie nationale en matière de changement climatique
Prévue par la loi Transition énergétique pour une croissance verte du 17 août 2015, la stratégie nationale bas carbone donne les orientations pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas carbone durable. Elle fixe des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la France. Cette stratégie nationale est en cours de révision suite au plan climat du 6 juillet 2017 et de la loi Énergie Climat du 8 novembre 2019 qui fixe le principe de la neutralité carbone en 2050. La consultation publique a démarré le 21 janvier 2020.
Le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a présenté les grandes lignes des orientations de la future stratégie nationale. Il s’agira notamment de réduire les émissions d’azote et de méthane, en adaptant le mode de culture mais aussi la conduite des élevages, l’alimentation du bétail et la gestion des effluents. La réduction des émissions de dioxyde de carbone est également visée ainsi que la production croissante d’énergies renouvelables, la séquestration du carbone dans les sols et diverses actions dans les filières agroalimentaires pour réduire pertes et gaspillages, diversifier les revenus ou les augmenter grâce à une montée en gamme des produits.
Les leviers identifiés dans la stratégie nationale bas carbone seront intégrés et financés dans les politiques agricoles, en particulier la PAC.
Un système de labellisation publique a été lancé en avril 2019. 3 méthodologies forestières et une méthodologie agricole sont validées à ce jour en vue de l’obtention du label bas carbone.
Pour mémoire, la France est l’un des pays développés les moins carbonés. L’alimentation des ménages représente 25 % de l’empreinte carbone. L’agriculture et la forêt génèrent 16 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Les émissions agricoles et forestières ont baissé de plus de 7 % entre 1990 et 2017, en raison de la baisse du cheptel bovin et des apports en engrais minéraux.
Règlement européen sur la transparence des marchés
Le conseil spécialisé a été informé des modifications réglementaires européennes concernant les communications économiques des États-membres à la Commission européenne, en vue de renforcer la transparence économique. FranceAgriMer mettra en place les outils adaptés pour faciliter la remontée des nouvelles données de prix demandées par la Commission européenne, d’ici le 1er janvier 2021, date d’entrée en vigueur des nouvelles dispositions.
Poursuite des négociations à l’organisation mondiale de la santé animale (OIE) sur le chapitre ESB
Les discussions en cours à l’OIE concernant la révision de plusieurs articles du chapitre sur l’ESB pourraient permettre à la France de recouvrer un statut à « risque négligeable » en 2021. La France est en effet au statut «risque maîtrisé » depuis 2016 suite à un cas isolé survenu dans les Ardennes. Les professionnels soulignent l'impact économique défavorable du statut "risque maitrisé" actuel (perte estimée à 50 M €/an) et la nécessité de bénéficier d'un statut plus favorable au plus vite.
Conjoncture des filières ruminants lait et viande : retour sur les faits marquants de la campagne écoulée
À l’occasion de ce conseil spécialisé, FranceAgriMer a dressé le bilan de l’année écoulée pour les filières ruminants et viandes.
Concernant les filières laitières, la production « mondiale » de lait de vache est restée stable en 2019. En Océanie, les collectes ont été impactées par les conditions climatiques et les réglementations environnementales, notamment en Nouvelle-Zélande. En Argentine, climat et contexte économique difficiles n’ont pas encouragé la production. Les États-Unis ont été pénalisés par des différends commerciaux avec certains de leurs clients.
Les échanges mondiaux de produits laitiers se sont développés en 2019, grâce à une demande dynamique sur les matières grasses solides, les fromages et les poudres. Le prix de la poudre de lait écrémé s’est redressé en 2019, sur un marché soulagé des stocks communautaires. Le prix du beurre s’est éloigné des niveaux historiques atteints en 2017 et 2018, avec une offre plus abondante que la demande ce qui a entrainé une reconstitution des stocks.
En France, la collecte de lait de vache biologique a encore progressé de près de 16 % pour s’établir au niveau record de 976 millions de litres. En dépit de la baisse constatée au cours du premier trimestre 2019, le prix réel du lait bio payé aux producteurs s’est redressé tout le reste de l’année et s’affiche en hausse par rapport à 2018.
En lait de chèvre, la collecte française a légèrement augmenté en 2019. Dans le même temps, les importations se sont fortement repliées, ce qui a entraîné une diminution des stocks et des fabrications de fromages hors bûchette. Le marché intérieur a été privilégié, au détriment des exportations, dans un contexte de hausse des achats des ménages français.
La collecte française de lait de brebis est en revanche en repli, en dépit d’un cheptel de reproductrices en augmentation. Les fabrications de produits ultra-frais ou fromages au lait de brebis ont toutefois augmenté dans un contexte de consommation dynamique.
Concernant les filières viandes, les cours des gros bovins sont restés sous pression, en raison d’une faible demande en France et en Europe et de la concurrence irlandaise qui exporte de plus en plus et à moindre prix. Avec des exportations de viande bovine fraîche en baisse et des importations en hausse, le solde de la balance commerciale française s’est dégradé.
À la différence de la demande italienne en progression, la demande espagnole en broutards français s’est amenuisée en 2019 au profit des petits veaux.
Après une crise historique liée à une surproduction européenne et une consommation en berne, les cours des veaux de boucherie se sont redressés fin 2019.
La production française d’agneaux a progressé. Les abattages sont restés stables mais les exportations d’animaux vivants ont augmenté. Le prix des agneaux britanniques a fait pression sur les prix français, avec néanmoins un redressement au cours du dernier trimestre.
Les achats des ménages français en viande ovine ont continué à s’éroder, alors que la consommation apparente par bilan reste stable, suggérant une augmentation de la consommation hors domicile et/ou des stocks en abattoirs.
Pour en savoir plus, consulter les documents de conjoncture annexés ci-dessous.