2020
Conseil spécialisé "Vin et Cidre" du 21 octobre 2020
Bilan de la campagne vitivinicole 2019/20
- Marchés à la production : les transactions de vin en vrac sont en repli par rapport à 2018/19, avec un net ralentissement en mars et avril 2020 suite aux mesures de confinement liées à l’épidémie de COVID 19.
Les transactions pour les Vins de France sans indication géographique (SIG) ont diminué en volume, quelle que soit la couleur, avec un recul plus marqué pour les rouges et les rosés. À l’inverse, les transactions de vins en vrac IGP ont progressé en volume pour toutes les couleurs, portées par les IGP de cépages, avec des prix en hausse par rapport à la campagne précédente. Les transactions de vins AOP sont en revanche, en repli en volume, avec des prix moyens en hausse pour les appellations de vin rouge et blanc.
Les sorties de chais des récoltants et négociants vinificateurs ont diminué de 3 % à 50 millions d’hectolitres (- 3 % pour les AOP, - 21 % pour les Vins de France SIG mais + 10 % pour les IGP).
- Consommation : les ventes de vins tranquilles en grande distribution, s’élèvent à 8,5 millions d’hectolitres en 2019/20 pour un chiffre d’affaires de 4,06 milliards d’euros, soit un recul de l’ordre de 2 % en volume comme en valeur par rapport à la campagne précédente. Cette baisse est imputable aux vins rouges. Les ventes de vins blancs et rosés se sont maintenues en volume et progressent même légèrement en valeur. Les ventes de vins IGP ont progressé alors que les ventes de vins SIG (France et UE) ou AOP ont reculé en volume comme en valeur.
FranceAgriMer observe aussi une augmentation des ventes en bag in box en volume (+ 4 %) et en valeur (+ 5 %) et une légère progression des ventes de vins sous marque distributeur. Reste à vérifier au cours des prochains mois si ces évolutions sont purement conjoncturelles ou s’il s’agit de tendances de fond susceptibles de perdurer après la fin de la crise sanitaire.
- Exportations : après 5 années de croissance continue, le bilan de la balance commerciale française accuse en 2019/20 un recul de 10 % à 8 milliards d’euros par rapport à la campagne précédente. Les exportations françaises de vin (13,59 millions d’hectolitres pour 8,74 milliards d’euros) sont en repli de 6,68 millions d’hectolitres et de 739 millions d’euros. La fermeture des cafés, hôtels et restaurants dans la plupart des pays du monde conséquence de l’épidémie de la COVID19 ont impacté les marchés clients de la France. Mais le recul des exportations françaises, particulièrement sensible en Chine (- 27 % en volume et – 26 % en valeur) et aux États-Unis (-12 % en volume et – 21 % en valeur), s’explique aussi par d’autres raisons et notamment la concurrence accrue des exportations australiennes à droit de douane nul vers la Chine et la mise en place de taxes à l’importation par l’administration américaine à l’encontre des vins tranquilles en bouteille français.
Dans ce contexte, la perspective d’un hard Brexit inquiète la filière. FranceAgriMer note cependant le regain de dynamisme des marchés canadien, japonais, suisse et suédois depuis la fin du confinement.
Bilan des stocks au 31 juillet 2020
La Direction des douanes et des droits indirects a présenté au conseil l’état des stocks de vin au 31 juillet 2020. À près de 54,6 millions d’hectolitres (dont 31,1 M hl de stocks à la production et 23,5 M hl de stocks au commerce), ils sont au plus haut depuis 6 ans, avec des situations disparates entre les différents bassins de production.
Les stocks de vins AOP (42,4 Mhl) ont augmenté de plus de 7 % par rapport la campagne précédente, les stocks de vins IGP (8,2 Mhl) sont en hausse de 2 %. Seuls les stocks de VSIG (3,8 Mhl) ont légèrement diminué (-1 %) par rapport à l’an passé.
Pour la première fois, les stocks sont décorrélés du niveau de production, qui était en forte baisse en 2019. Ils sont supérieurs de 3,6 millions d’hectolitres par rapport à la moyenne quinquennale.
Ce niveau de stocks doit néanmoins être relativisé au regard des volumes livrés à la distillation avant le 31 juillet 2020, soit 1,2 Mhl.
Les mesures de crise, mises en place par les pouvoirs publics (distillation et stockage privé), permettent de traiter les stocks excédentaires et de réguler le marché, en conformité avec les règles de l’Organisation Commune de Marché (OCM).
Encadrement du stockage privé
Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a annoncé fin mai la mise en œuvre d’une mesure de stockage privé pour un montant de 15 M€, afin de soustraire temporairement du marché des volumes de vin (entre 1 et 2 Mhl) pour faire face aux pertes de débouchés induites par l’épidémie de Covid 19. En août, le premier ministre a annoncé une enveloppe complémentaire portant les crédits nationaux pour cette mesure à 35 M€. Afin d’assoir juridiquement ce dispositif, le programme national d’aide de l’Organisation commune de marché sera également mobilisé à hauteur de 5 millions d’euros maximum.
La mesure de stockage privé entrera en vigueur le 1er novembre prochain.
Seront éligibles les vinificateurs (producteurs, coopératives, négociants), à l’exclusion des stockeurs en prestation de service.
Le volume éligible à l’aide correspondra à la différence entre le stock inscrit dans la déclaration récapitulative mensuelle de mai 2020 de l’opérateur et le stock déclaré en septembre 2019, déduction faite des volumes notifiés à la distillation. Le volume éligible minimum est fixé à 100 hectolitres.
L’aide sera ouverte à tous les modes de conditionnement : bouteilles, Bag in Box ou cuves.
Le montant unitaire de l’aide unique quels que soient le type de vin et la durée de stockage s’élèvera à 0,04 €/hl et par jour.
La durée du stockage, de 6 ou 8 mois, prendra effet le 1er novembre et s’achèvera soit le 30 avril, soit le 30 juin 2020 selon l’option retenue par l’entreprise.
L’aide sera versée à l’issue de la période de stockage.
La notification des contrats aux demandeurs interviendra après la publication du règlement européen nécessaire pour assoir le dispositif et l’approbation du programme national d’aide prenant en compte cette mesure de stockage de crise dans le cadre de l’OCM vitivinicole.
OCM vitivinicole : appel à projet 2021 pour les investissements des entreprises
Deux modifications principales sont prévues par rapport au précédent appel à projet :
- à la demande de la Commission européenne, la suppression des 3 cas d’exemption pour absence de notification des modifications mineures. Pour mémoire, ces trois cas d’exemption concernaient les cas de sous-réalisation ou de sur-réalisation, ou encore de modification de la marque, du fournisseur ou du prestataire sans impact sur les caractéristiques techniques. Les entreprises seront désormais tenues de notifier ces modifications mineures à FranceAgriMer.
- la date limite de réalisation des travaux sera fixée au 15 octobre 2023, à titre conservatoire au vu des discussions actuelles sur la PAC. FranceAgriMer fera évoluer a posteriori la décision, si le futur règlement de transition autorise la continuité des opérations entre les deux programmations PAC.
Plan de relance gouvernemental : des mesures pour le secteur vitivinicole
Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a présenté au conseil les mesures du Plan de relance gouvernemental susceptibles d’intéresser plus particulièrement le secteur vitivinicole.
Le volet agricole du plan de relance, doté d’un budget de 1,2 milliard d’euros, prévoit notamment deux séries de mesures visant à :
- accélérer la transition agro-écologique au service d’une alimentation saine, sûre, durable, locale et de qualité pour tous (400 millions d’euros). Cette thématique comporte des mesures diverses en faveur de la plantation de haies, la réalisation de bilans carbone, la structuration de filières et l’appui aux organisations de producteurs sans oublier le crédit d’impôt pour les exploitations certifiées « haute valeur environnementale ».
- renouveler et développer des agroéquipements nécessaires à la transition agro-écologique et à l’adaptation au changement climatique (250 millions d’euros). Les instituts techniques sont en cours de consultation pour élaborer la liste des matériels qui seront éligibles.
Les dispositifs d’accompagnement sont en cours d’élaboration, en vue de leur mise en œuvre en début d’année prochaine.
Pour en savoir plus, consulter ci-dessous les documents sur la conjoncture de la filière viti-vinicole