2020
Conseil spécialisé « Vin et Cidre » de FranceAgriMer du 3 juin 2020
Le conseil spécialisé « Vin et Cidre » de FranceAgriMer s’est tenu en visioconférence le 3 juin 2020, sous la présidence de Jérôme Despey.
Conjoncture sur les marchés à la production, à la consommation et commerce extérieur
La tendance sur les marchés à la production vrac (semaine 32 à semaine 40 de la campagne 2019/20) est à la baisse des transactions, pour les vins AOP (- 3 % vs mars/avril 2019), les Vins de France sans IG (- 57 % vs mars/avril 2019) ou les vins IGP (- 25 % vs mars/avril 2019) et à la hausse des prix moyens, de l’ordre de 10 % pour les AOP, 1 % pour les IGP et 17 % pour les VDF SIG, avec des hétérogénéités entre les bassins.
Sur la période de confinement (du 16 mars au 10 mai 2020), le chiffre d’affaires de l’ensemble des produits de grande consommation en grande distribution est en croissance (+ 8,9 % vs 2019), sauf le rayon des liquides (- 3 % vs 2019) et, en particulier, le rayon des boissons alcoolisées.
Les ventes de vins tranquilles (- 2,9 % de chiffre d’affaires vs 2019) se sont maintenues tout au long du confinement, avec des oscillations selon les semaines : après des ventes en progression sur la semaine précédant le confinement et la suivante, mais en repli dès la semaine 13, les deux dernières semaines de confinement marquent un rebond de la catégorie, qui se poursuit au début du déconfinement.
Même si les enseignes d’hypermarchés retrouvent des couleurs, elles sont loin de leur niveau d’avant crise. Les ventes réalisées en grande distribution ne compensent pas les pertes, notamment en CHR.
Les ventes de vins effervescents en grande distribution ont, quant à elles, connu une baisse de 17 % en valeur et un repli de 20 % en volume sur les quatre premiers mois de l’année 2020. Ces reculs sont encore plus marqués pendant la période de confinement : les Champagnes sont la catégorie la plus touchée, avec une baisse des ventes record entre le 30 mars et le 26 avril 2020 (- 62,8 % en volume et - 61 % en valeur vs 2019). Parmi les vins effervescents étrangers, le Prosecco est celui qui résiste le mieux, avec des consommateurs plus vigilants sur les prix.
Côté commerce extérieur à 8 mois (août 2019 à mars 2020), les exportations françaises de vin sont en baisse en volume (- 2 %), ainsi qu’en valeur (- 3 %), alors qu’elles étaient en progression depuis cinq ans. Cette baisse, sur la plupart des marchés, est plus marquée en volume sur les Pays tiers et en valeur sur les marchés européens (- 12 % sur le Royaume-Uni sous l’effet de la chute des exportations de Champagne début 2020, après une forte croissance début 2019, en anticipation du Brexit).
Le marché japonais est un des seuls en progression en volume et en valeur (traité de libre-échange signé récemment).
Aux Etats-Unis, on constate l’effet des taxes américaines, qui pénalisent toujours très fortement les exportations de vins tranquilles en bouteille (entre octobre 2019 et mars 2020, - 12 % des volumes et - 8 % des valeurs vs. août-mars 2018/19). A contrario, les exportations de vins effervescents sont très dynamiques (+ 15 % des volumes et + 10 % des valeurs vs. août-mars 2018/19) et contrebalancent les pertes sur les vins tranquille (exportations notamment de Champagne en décembre en anticipation des annonces de l’évolution de la taxation des vins français).
En Chine, la crise liée au Covid-19 n’a fait qu’amplifier la chute des exportations françaises, qui souffrent plus largement de la concurrence avec les vins australiens et chiliens, mais aussi du ralentissement de l’économie chinoise.
Les importations françaises de vin sont en légère progression en volume, mais on note une baisse des volumes importés, en particulier d’Espagne et d’Italie.
En ce qui concerne le cidre, la consommation du début de confinement jusqu’au 19 avril 2020 est en recul en volume et en valeur. De janvier à avril 2020, les ventes de cidre ont représenté 16 millions de litres par rapport aux 17,9 millions de litres en 2019, soit un recul des ventes en volume de 12 % entre 2019 et 2020.
Les exportations françaises de cidre progressent en volume, mais sont moins bien valorisées de janvier à mars 2020. Les États-Unis restent la première destination à l’export, avec 15 00 hl, suivis par l’Allemagne.
Impacts de la crise du Covid-19 : un conseil spécialisé consacré à l’état des lieux avec les acteurs des filières viticole et cidricole et à la mise en place de dispositifs de crise
A la suite de la présentation de ces données économiques, les représentants des différentes familles professionnelles des filières viticole et cidricole ont pu échanger en conseil et s’exprimer sur les effets de la crise du Covid-19, qui a eu de multiples impacts selon les opérateurs des secteurs.
Déjà fortement impactée par les perturbations sur de nombreux marchés à l'export (Brexit, Hong Kong, Chine, Etats-Unis), la filière viticole connait un ralentissement de ses exportations, combiné à l’arrêt des ventes en cafés-hôtels-restaurants (CHR), une activité ralentie en grande distribution, la fermeture des caveaux, l’annulation de salons,… Les incertitudes sur la reprise de l’activité s’ajoutent aux fortes inquiétudes exprimées par les professionnels de la filière.
La filière cidricole, également fortement impactée, a rappelé sa demande d’un plan d’aide et la mise en place de mesures de soutien (exonération de charges, communication de crise, régulation de marchés via la distillation, le retrait, …
Pour répondre aux attentes des professionnels, FranceAgriMer a adapté certaines mesures d’accompagnement des filières. Depuis le 20 avril 2020, 14 décisions modificatives ont été mises en œuvre, par consultation et vote électroniques des membres du conseil spécialisé, pour permettre l’adaptation de nombreux dispositifs :
- promotion sur les marchés des n pays tiers : possibilité pour les opérateurs de modifier leurs programmes d’actions en changeant le marché-cible, de sous-réalisation ou annulation d’une action ;
- information sur le marché intérieur : possibilité de notifier une modification de projet jusqu’au paiement final ;
- distillation : possibilité de livrer l’alcool à des pharmacies pour produire du gel hydroalcoolique ;
- restructuration du vignoble : revalorisation de forfaits d’aides, report de dates de dépôt des demandes d’aides ;
- investissements des entreprises : report de dates pour le dépôt de demandes d’aides.
Mise en place de la mesure de distillation de crise
Les membres du conseil ont donné un avis favorable sur la mise en place de la mesure de distillation de crise, qui bénéficie d’une enveloppe budgétaire globale de 155 M€ (composée de 80 M€ issus du programme national d’aide de l’organisation commune des marchés (OCM) vitivinicoles, de 65 M€ de crédits nationaux pour les viticulteurs et de 10 M€ de crédits nationaux pour les distillateurs).
Cette enveloppe budgétaire devrait permettre de traiter 2 millions d’hectolitres.
Cette aide est calculée par hectolitre de vin avec les montants suivants : 78 €/hl pour les vins à indications géographiques (AOP et IGP) et 58 €/hl pour les vins sans indication géographique (VSIG).
Les VSIG des bassins Charentes, Bourgogne-Beaujolais-Savoie- Jura et Alsace sont exclus de ce dispositif.
La souscription des volumes auprès des distillateurs est ouverte du 5 au 19 juin 2020.
Les livraisons de vin doivent être réalisées au plus tard le 4 septembre 2020 et les opérations de distillation réalisées au plus tard le 12 septembre 2020.
Les modalités de cette mesure sont consultables sur le site internet de FranceAgriMer, via le lien suivant : https://www.franceagrimer.fr/Accompagner/Dispositifs-par-filiere/Organisation-commune-des-marches-et-aides-europeennes/OCM-vitivinicole/Distillation/Distillation-de-crise-2020
Pour en savoir plus, les dernières données économiques sur les filières vin et cidre sont consultables ci-dessous.