2020
Points-clés du conseil spécialisé « viandes blanches » du 1er décembre 2020
Conjoncture économique des filières avicoles et porcines
Filières avicoles : un marché de l’œuf dynamique
Au stade production, les abattages restent stables pour le poulet et progressent même pour la dinde sur les 9 premiers mois de l’année 2020, comparé à la même période 2019. On observe en revanche un net décrochage des abattages pour les filières de spécialité (canards gras, canards à rôtir, pintades, lapins).
Le prix de l’aliment pour volailles est en hausse depuis le mois de septembre, pesant sur les coûts de production des éleveurs français, alors que les cours mondiaux de la viande de volaille sont orientés à la baisse en raison du repli des commandes de la Chine et de l’Arabie saoudite.
Les exportations françaises de viandes de volaille peinent toujours à redémarrer. Elles sont en recul de près de 23 % vers l’Union européenne et de 6 % vers les pays tiers concernant le poulet, principale volaille exportée. Dans le même temps, les importations en provenance de l’Union européenne, bien qu’en retrait par rapport à l’an dernier à l’issue des 9 premiers mois 2020, sont reparties progressivement à la hausse depuis le mois de juin.
Sur le marché français, les achats des ménages restent axés sur les découpes de poulet et de dinde (escalopes, cuisses) mais aussi sur le magret de canard et les produits élaborés (panés, jambon).
Le marché de l’œuf reste dynamique notamment pour les œufs coquilles, plébiscités par les ménages français, à l’exception des œufs de cage, mais aussi par nos voisins européens. Les exportations françaises d’œufs coquilles ont progressé de 40 % vers l’Union européenne, compensant très largement le repli observé vers les pays tiers. Les cotations des œufs sont néanmoins en retrait par rapport à l’an dernier suite aux confinements successifs qui perturbent les équilibres habituels de marché entre œufs coquilles et ovoproduits.
Filière porcine : repli des cotations en Europe suite à la fièvre porcine africaine en Allemagne et la fermeture d’abattoirs danois à l’export
Sur les dix premiers mois de l’année, la production française reste quasi stable par rapport à l’an dernier, à la différence d’autres pays européens qui accusent de nets reculs, comme la Pologne, l’Espagne et l’Italie. Les abattages de porc français sont en repli de 0,5 % en tonnes et de 1,2 % en nombre de têtes, avec un léger alourdissement du poids des carcasses du fait de l’impact de la crise COVID sur les marchés.
Sur le marché français, les achats des ménages pour leur consommation à domicile sont en progression par rapport à l’an dernier de près de 5 % pour le porc frais et de plus de 7 % pour la charcuterie, d’après les données Kantar disponibles jusqu’en octobre. Néanmoins, la consommation globale s’est effritée par rapport à l’an dernier suite à la fermeture de la restauration commerciale et collective au printemps dernier.
Sur les neuf premiers mois de l’année, les exportations de viande de porc sont globalement stables par rapport au niveau élevé de l’an dernier. Elles ont progressé à destination de la Chine et des Pays-Bas, mais sont en repli vers les Philippines et le Royaume-Uni.
Fin novembre, les cotations de la viande de porc ont fléchi à 1,40 €/kg de carcasse (classe E+S) en France, comme en Espagne et au Danemark, suite à la fièvre porcine africaine en Allemagne et des embargos à l’exportation pour des abattoirs danois suite à des clusters Covid-19, entraînant le report de marchandises habituellement exportées par ces deux pays vers la Chine sur le marché européen. Les prix restent néanmoins nettement supérieurs aux cotations allemandes.
Dans le même temps le prix de l’aliment s’est renchéri à 250 €/tonne, selon l’IFIP. Ces évolutions divergentes des cotations pourraient dans les prochains mois affecter la rentabilité des élevages porcins.
La Direction Générale de l’Alimentation a également fait le point, à l’occasion de ce conseil, sur la situation sanitaire liée à la fièvre porcine africaine et à l’influenza aviaire ainsi que sur les négociations en cours pour obtenir des accords de zonage auprès des pays tiers.
Étude sur la valorisation de la viande de poule
FranceAgriMer a financé une étude sur la valorisation de la viande de poule conduite par l’ITAVI et Dowell Stratégie, en vue d’aider cette filière à diversifier ses débouchés et à mieux se structurer. Aujourd’hui, 40 % des poules de réforme françaises sont abattues à l’étranger (50% pour les poules reproductrices). ¾ de la viande de poule abattue en France est exportée, principalement vers les pays d’Afrique subsaharienne.
Cette filière est confrontée aujourd’hui à une forte concurrence à l’export ainsi qu’à l’occidentalisation des régimes alimentaires et au développement de productions locales en Afrique. Sur le marché intérieur comme à l’export, la viande de poule est également concurrencée par les autres volailles, notamment le poulet, plus tendre et présentant un meilleur rendement en viande.
Souffrant actuellement d’un déficit d’image, la viande de poule pourrait néanmoins être mieux valorisée à l’avenir et profiter de l’essor de la production d’œufs alternatifs en France sous signes de qualité. Le développement de produits élaborés sur le marché intérieur et les tensions actuelles sur le marché mondial des viandes liées à la fièvre porcine africaine pourraient aussi constituer des opportunités de diversification pour cette filière.
Mise en place d’une cellule Brexit à FranceAgriMer depuis le 15 octobre 2020
Dans la perspective de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 1er janvier 2021 et du rétablissement de formalités douanières, sanitaires et phytosanitaires aux frontières, FranceAgriMer a mis en place, conjointement avec la Direction Générale de l’Alimentation et le service économique régional de l’Ambassade de France à Londres, une cellule BREXIT qui se réunit tous les 15 jours pour informer les différentes familles professionnelles des négociations en cours, des nouvelles procédures de certification et de contrôles prévues pour les produits exportés depuis la France vers le Royaume-Uni et pour identifier les difficultés techniques éventuelles des opérateurs économiques. Les informations sont consolidées dans une foire aux questions.
Une veille est également effectuée sur les sites officiels européen, français et britannique pour recenser les informations utiles pour les entreprises françaises qui commercent avec le Royaume-Uni.
Reprise des travaux de normalisation internationale sur les produits carnés
La Chine a relancé les travaux du comité technique de normalisation internationale sur les produits carnés En vue de préparer les positions françaises, une commission nationale de normalisation va se mettre en place avec la participation d’Inaporc, de Culture Viandes, de la FICT et de FranceAgriMer, notamment. Les premiers travaux vont porter sur 4 thématiques : la terminologie des viandes, les procédures d’abattage, les viandes fermentées et les nitrites.