2020
Conseil spécialisé « viandes blanches » du 29 septembre 2020
Conjoncture économique des filières avicoles et porcines
- Filières avicoles : la reprise de la restauration hors domicile profite surtout aux importations
En dépit du déconfinement et de la reprise d’activité de la restauration hors foyer, le secteur avicole peine à se redresser, notamment les filières de spécialité (canard, pintade, lapin, pigeon, caille…).
Sur le marché français, seuls le poulet, la dinde et les œufs profitent du dynamisme des achats des ménages pour leur consommation à domicile.
La reprise d’activité de la restauration hors foyer n’a pas permis aux filières françaises de se repositionner sur l’offre au cours des derniers mois. FranceAgriMer observe une reprise des importations françaises, sur un rythme voisin de celui de l’avant-crise, en provenance des autres pays de l’Union européenne, dont les prix sont plus compétitifs.
Les exportations françaises de viande de poulet vers l’Union européenne restent en repli par rapport à 2019 (- 25 % en volume et -26 % en valeur sur les sept premiers mois de l’année), malgré une reprise timide en juin et juillet après l’effondrement observé en avril et mai, suite à l’épidémie de COVID 19.
Les exportations de poulet vers les pays tiers sont plus dynamiques, tirées par la demande du Moyen-Orient et de l’Asie (Chine, Hong Kong et Philippines). Au total, les exportations françaises de poulet à destination des pays tiers sur les sept premiers mois de l’année sont stables en valeur par rapport à 2019, malgré un léger repli de 4 % en volume.
Écouler les stocks constitués pendant le confinement, reste aujourd’hui le principal enjeu pour la filière avicole européenne, y compris française.
- Filière porcine : possible effet domino de la fièvre porcine en Allemagne sur le marché européen
Les abattages de porc ont repris en France suite au déconfinement. Sur les 8 premiers mois de campagne, ils sont en repli de 0,4 % en tonnes et de 1,2 % en nombre de têtes.
Après 4 mois de baisse, les cotations des carcasses de porc étaient reparties à la hausse en août dernier grâce à une demande chinoise très soutenue, dans un contexte d’offre mondiale réduite en raison de la fermeture des abattoirs dans plusieurs régions du monde suite à la pandémie de COVID 19. Cette hausse a toutefois été interrompue, suite à la découverte d’une première carcasse de sanglier infectée par la fièvre porcine africaine dans la région de Brandebourg en Allemagne. Conséquence immédiate, le prix du porc allemand a chuté de 20 centimes par kilo depuis le 10 septembre, avant de se stabiliser.
En France et en Espagne, les prix sont pour l’instant peu impactés. Le prix du porc français s’est pour le moment stabilisé autour de 1,55 €/kg de carcasse (classe E+S).
Au niveau international, les prévisions de l’USDA ne laissent pas espérer d’augmentation significative de la production mondiale à court terme et le développement attendu des exportations de viande porcine vers la Chine devrait se faire au détriment de la consommation dans le reste du monde, en particulier en Europe, au Brésil et aux Etats-Unis.
Reste à mesurer l’impact de la fermeture du marché asiatique (Chine, Japon, Corée) à l’Allemagne après la découverte de ce cas de fièvre porcine africaine dans la faune sauvage. À défaut d’accord de « régionalisation » accepté pour le moment par la Chine dans le cadre des protocoles sanitaires, l’Allemagne devrait se reporter sur d’autres marchés, notamment sur le marché européen avec une concurrence accrue entre États membres.
L’Allemagne est le troisième fournisseur de la Chine en viandes de porc hors abats (14 % de part de marché), et le deuxième en abats (17 % de part de marché). Si la Chine pourrait reconstituer son cheptel de porcs à 80 % fin 2021, selon les prévisions de l’USDA, et donc importer moins de viande à court terme, ses besoins sont pour l’instant loin d’être satisfaits. Dans l’immédiat, elle devra faire appel à de nouveaux fournisseurs. Il faut noter également que le déficit chinois en viande de porc est en partie compensé par la hausse de la production et des importations chinoises de volaille, de viande de bœuf et de produits de la pêche et de l’aquaculture.
Le possible recentrage de l’Allemagne sur le marché européen inquiète d’autant plus avec le Brexit. Selon des simulations de FranceAgriMer, la baisse du prix de la viande de porc au stade production en France pourrait être de -14,7 % en cas d’accord sanitaire entre l’Union européenne et le Royaume-Uni et de -24,7 % si aucun accord n’est trouvé. Dans cette dernière hypothèse, le Royaume-Uni, considéré comme un pays tiers, fermerait son marché aux produits allemands ce qui alourdirait d’autant le marché européen.
Protéger les élevages français contre la peste porcine africaine par des mesures de biosécurité efficaces constitue désormais la première priorité pour la filière porcine française. Seconde priorité : poursuivre les négociations avec la Chine, afin de parvenir à un accord de régionalisation permettant de continuer à exporter à partir des zones indemnes même si le virus parvenait à toucher une partie du territoire français, via la faune sauvage.
Allemagne : des mesures dans les outils industriels pour éviter la propagation du COVID 19
À ce jour, les autorités allemandes ne semblent pas redouter la propagation de la fièvre porcine africaine détectée chez un sanglier aux élevages de porcs domestiques. Des mesures ont été prises dès le début du printemps pour ériger 100 kilomètres de clôture le long de la frontière polonaise et pour renforcer les mesures de biocontrole dans les élevages.
En revanche, le Gouvernement allemand a décidé de durcir les conditions de travail des salariés dans les abattoirs, les ateliers de découpe et les industries de transformation, suite aux cas de COVID 19 détectés dans certains abattoirs.
Face à l’opinion publique et aux attentes sociétales en matière de bien-être animal, l’Allemagne entend travailler à la désindustrialisation de son élevage. La castration à vif des porcs sera ainsi interdite à compter du 1er janvier 2021 en Allemagne, a témoigné le conseiller agricole de l’Ambassade de France à Berlin au cours du conseil spécialisé.
Plan de relance : des mesures pour les filières animales
Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a présenté au conseil les mesures du Plan de relance gouvernemental destinées plus particulièrement aux filières d’élevage.
Le volet agricole du plan de relance, doté d’un budget de 1,2 milliard d’euros, prévoit notamment des mesures en faveur de la modernisation de la filière, de la sécurité sanitaire et du bien-être animal, pour un montant global de 250 millions d’euros dont 100 M€ pour la biosécurité et le bien-être animal et 130 M€ pour les abattoirs.
Un pacte « biosécurité-bien-être animal » sera ainsi mis en œuvre à partir de 2021 pour accompagner les éleveurs et leur permettre d’investir pour renforcer la prévention des maladies animales, renforcer la formation à la biosécurité en élevage, soutenir la recherche, la gestion des ressources en eau, tout en permettant d'assurer une amélioration des conditions d'élevage au regard du bien-être animal.
Des mesures en faveur de la « modernisation des abattoirs» seront également mises en œuvre en 2021 pour soutenir l’investissement en vue d’améliorer la compétitivité des entreprises, notamment par la création ou la modernisation d’outils d’abattage et de découpe, adaptés aux besoins des filières et des consommateurs, et pour accompagner la segmentation de l’offre et la création de valeur ajoutée.
Les dispositifs d’accompagnement sont en cours d’élaboration.
Pour en savoir plus, consulter ci-dessous la note de conjoncture mensuelle de septembre 2020 sur les filières viandes blanches ainsi que les diaporamas reprenant sous forme graphique les faits marquants de la conjoncture présentée au conseil spécialisé du 29 septembre 2020.