2019
Conseil spécialisé « oléagineux et protéagineux » du 19 mars 2019
Monde : impact du conflit sino-commercial sur les échanges mondiaux de soja
Selon les dernières prévisions de l’USDA, la production mondiale d’oléagineux atteindrait 593 Mt en 2018/19, dont 360 Mt de soja, 71 Mt de colza et 51 Mt de tournesol. En dépit de la hausse des utilisations prévues à l’échelle mondiale, les stocks mondiaux de fin de campagne devraient s’alourdir à 122 Mt dont 107 Mt de soja (+ 9 %).
Suite au conflit commercial sino-américain et à la mise en place de droits de douanes sur le soja américain par la Chine, les États-Unis se sont tournés vers d’autres débouchés, notamment l’Union européenne.
Toutefois, les exportations américaines ont reculé de 12 % au total par rapport à 2017/18. Pour répondre à la demande chinoise en soja, le Brésil a pris le relais et ses exportations sont en hausse de 4 % par rapport à 2017/18.
Union européenne : premières prévisions d’Eurostat pour 2019/20
Selon les premières prévisions d’Eurostat, la production européenne de colza en 2019 resterait stable par rapport à 2018, autour de 20 Mt, en dépit d’une baisse des surfaces de 10 %. La production de tournesol baisserait légèrement à moins de 10,1 Mt (-1 %) en raison d’un net recul en Roumanie. La production de soja resterait stable à près de 2,9 Mt.
Pour la campagne de commercialisation en cours portant sur la récolte 2018, la trituration de colza est prévue en baisse à 23,5 Mt en 2018/19 contre 24,9 Mt en 2017/18. Elle pourrait encore décliner en 2019/20 à 22,7 Mt selon Eurostat. Les cours du colza sur le marché à terme Euronext ont fléchi ces dernières semaines à 357 euros par tonne, suite à l’accord UE-Argentine sur l’importation de biodiesel argentin et à la reconnaissance par l’Union européenne du caractère « durable » du soja américain, sans oublier les perspectives de hausse des stocks au Canada et de très bonnes conditions climatiques en Ukraine susceptibles de doper la production.
La trituration de tournesol, en très légère progression en 2018/19 à près de 9,2 Mt pourrait nettement reculer en 2019/20 à 8,3 Mt (- 9 %) selon Eurostat. La trituration de soja resterait élevée à 15,2 Mt en 2019/20, mais s’inscrirait en recul de 6 % par rapport à 2018/19 (16,3 Mt).
France : nouvelles prévisions pour la campagne de commercialisation de la récolte 2018
FranceAgriMer a révisé à la baisse ses prévisions de trituration de colza à 4 Mt pour la campagne commerciale 2018/19. En revanche, les prévisions d’exportations françaises de colza, destinées intégralement à d’autres pays de l’Union européenne, sont revues à la hausse à 1,5 Mt, en légère progression par rapport à l’an dernier. Le stock final s’alourdirait à 330 000 tonnes.
Les prévisions de trituration de tournesol sont révisées à la baisse à plus de 1,3 Mt, à un niveau proche de l’an dernier en dépit d’une récolte 2018 en repli. Les prévisions d’exportations de tournesol sont maintenues à 370 000 tonnes, en recul de 100 000 tonnes par rapport à la campagne précédente, faute de disponibilités. Les importations sont prévues au même niveau que la campagne passée. Le stock de fin de campagne s’annonce très faible (43 000 tonnes).
Concernant le soja, la trituration est maintenue à 700 000 tonnes, en progression par rapport à la dernière campagne, avec des importations en hausse par rapport à 2017/18.
Malgré une production de pois protéagineux en retrait par rapport à 2017, FranceAgriMer prévoit un doublement des utilisations par les fabricants d’aliments du bétail français à 150 000 tonnes en 2018/19, le maintien des débouchés en alimentation humaine à 130 000 tonnes et des prévisions d’exportations à 240 000 tonnes, en repli par rapport à 2017/18. En effet, les droits à l’importation prohibitifs mis en place par l’Inde début 2018 continuent d’entraver les flux.
En dépit d'une production de féverole en forte baisse par rapport à 2017/18, les prévisions d’utilisations par les fabricants d’aliments du bétail français sont maintenues à un niveau proche de celui de l’an dernier (30 000 tonnes). Idem pour les prévisions d’exportations, prévues à 80 000 tonnes, face à la demande de nos voisins européens et de la Norvège pour l’aquaculture.
Focus sur l’Amérique du Sud : une évolution des équilibres entre cultures susceptible d’influer sur les échanges mondiaux
Au Brésil, la production de soja est en forte croissance depuis 10 ans, malgré un repli attendu en 2018/19 à 115 Mt (-3 % par rapport à 2017/18) dû à une baisse des rendements alors que les surfaces sont en hausse. Cette expansion des surfaces brésiliennes de soja induit aussi une progression de la 2e récolte de maïs brésilienne semée dans le sillage de la récolte de soja.
En Argentine, la production de soja, en forte baisse depuis deux ans, devrait se redresser sous l’effet d’une hausse des surfaces en soja au détriment du maïs. Les producteurs argentins ont arbitré en faveur du soja compte-tenu de perspectives à l’exportation dopées par le conflit sino-américain.
Les exportations américaines de soja vers l’Union européenne ont pratiquement doublé par rapport à l’an dernier pour atteindre un record inégalé depuis 30 ans.
Les évolutions en matière de production et d’utilisation de biocarburant en Amérique du sud sont également de nature à modifier les équilibres mondiaux des grandes cultures dans les prochaines années.
Pour en savoir plus, consulter le communiqué de presse ci-dessous