2021
Points-clés du conseil spécialisé « Grandes cultures » du 10 février 2021
Situation des marchés des grandes cultures au niveau international : des fondamentaux haussiers
Alors que le FMI fait état d’une forte récession économique dans les pays de la zone Euro en 2020 suite à la pandémie de Covid et table sur une reprise en 2021, les matières premières agricoles jouent aujourd’hui le rôle de valeurs refuge pour les fonds d’investissement avec des prix en forte hausse sur le marché international, dopés par les fondamentaux.
Les cours internationaux des grains s’inscrivent en forte hausse par rapport à l’année dernière : selon le Conseil International des Céréales, les cours en US $ ont progressé de 53 % pour le soja américain, de 32 % pour le blé tendre français, de 44 % pour l’orge fourragère française et de 44 % pour le maïs fourrager français entre fin janvier 2020 et fin janvier 2021.
Les achats massifs de la Chine en céréales et en oléoprotéagineux constituent le moteur du dynamisme des échanges commerciaux et de la hausse des cours depuis plusieurs mois, sur fond de restrictions à l’exportation en Russie, en Ukraine et en Malaisie. Les conditions de culture extrêmes dans certaines parties du monde ont également réduit les potentiels de rendement et influencé les cours.
Côté sucre, le recul de la production dans l’Union européenne, en Russie et en Thaïlande et les retards attendus au Brésil, principal producteur mondial, favorisent également ce climat haussier, dans un contexte de demande mondiale moins affectée que prévu par le second épisode de Covid alors qu’une pénurie de containers en Inde compromet la campagne d’exportation de ce pays.
Les contrats à terme sur le sucre blanc ont enregistré de nouveaux gains à Londres. Le contrat de mars a atteint près de 475 $/tonne le 5 février 2021, au plus haut depuis avril 2017. En novembre, le prix de vente moyen du sucre blanc européen s’établit à 379 €/tonne dans l’Union européenne, en baisse de 2 €/tonne par rapport à octobre 2020.
Enfin, les cours du pétrole, à nouveau orientés à la hausse depuis novembre 2020, contribuent à soutenir les prix des céréales, des oléoprotéagineux et des plantes sucrières utilisés pour la fabrication de biocarburants à travers le monde.
Focus sur la Chine : l’autonomie alimentaire, un objectif difficile à atteindre
Afin d’éclairer le conseil sur la pérennité des achats chinois, France Export Céréales a présenté au conseil un panorama sur la production de céréales en Chine et sur ses difficultés à atteindre ses objectifs d’autosuffisance.
En dépit de politiques publiques incitatives fortes pour un montant de 24 milliards d’euros environ (aides directes, subventions aux intrants, aux équipements et au stockage, prix garantis, quotas à l’importation et réserves stratégiques), la Chine peine à remplir ses objectifs d’autosuffisance alimentaire. Si sa production a régulièrement progressé depuis 10 ans, la productivité chinoise tend désormais à stagner avec un rendement en blé moyen de 5,7 tonnes par hectare seulement.
À l’exception des grandes fermes d’État du Nord-Est et Nord-Ouest, les petites fermes de moins de 1 ha encore peu mécanisées prédominent, malgré l’émergence de fermes familiales de taille intermédiaire de plus de 7 ha, notamment dans les zones de blé-maïs, en voie de mécanisation.
Pourtant 1er producteur mondial de blé (134 Mt environ) et de riz paddy (212 Mt) et 2e producteur mondial en maïs (261 Mt environ), avec des productions secondaires d’orge, de millet, de sorgho et d’avoine, la Chine est également le 1er importateur mondial de soja. Elle importe aussi massivement des céréales (maïs principalement mais aussi blé, orges et sorgho) depuis plusieurs mois pour reconstituer son cheptel porcin en partie décimé par la fièvre porcine africaine en 2018. Ce phénomène est-il durable ?
Selon France Export Céréales, avec 120 Mha, soit 7 % des terres arables du monde, la Chine ne pourrait produire que 80 à 85 % de ses besoins en céréales à moyen ou long terme, en raison de la diminution irréversible de ses surfaces agricoles et de la pénurie des ressources en eau (1/4 seulement de la ressource moyenne mondiale par habitant).
En outre, les campagnes chinoises se vident. De 2018 à 2025, environ 80 millions de paysans devraient migrer vers les villes selon les experts chinois. L’urbanisation et l’élévation du niveau de vie des Chinois modifient également les habitudes alimentaires vers davantage de produits à base de blé (pain de type occidental, viennoiseries, gâteaux, etc.), moins de riz et plus de viandes.
Face à ces tendances lourdes, France Export Céréales n’exclut pas une nouvelle augmentation des importations chinoises à moyen et long terme dans un contexte d’autonomie alimentaire qui se dégrade à l’horizon 2025, et de prix intérieurs très supérieurs à ceux des céréales importées.
Impact de la hausse des cours pour les filières animales
Les interprofessions ANVOL et INAPORC, invitées à participer au conseil spécialisé Grandes cultures de FranceAgriMer ont fait part de leurs inquiétudes face à l’envolée des cours des matières premières sur les coûts de production des éleveurs (voir l’actualité Points-clés du conseil spécialisé « viandes blanches » du 2 février 2021 | FranceAgriMer - établissement national des produits de l'agriculture et de la mer ).
La filière volailles anticipe une hausse de 20 % de l’indice ITAVI mesurant le coût des matières premières utilisées pour l’alimentation des poulets standard, pour la période d’octobre 2020 à juin 2021, en comparaison de la période d’octobre 2019 à juin 2020. D’ores et déjà, la situation de variation excessive des prix de l’alimentation animale justifiant la réouverture des négociations commerciales est caractérisée au vu de l’évolution de l’indice ITAVI et de son rapport avec l’indice de prix au stade "sortie abattoir" (prix de production des industriels de la viande de poulet) : Indices filière volaille | Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation
INAPORC rappelle que le coût de l’aliment représente 65 à 70 % du coût de production des éleveurs porcins. L’interprofession souligne la difficulté de contractualiser en ce domaine, a fortiori sur plusieurs années. Prix de l’aliment et prix du porc sont actuellement totalement décorrélés.
Programme de soutien à l’huile d’olive et à l’olive de table en 2021 et 2022
Le conseil spécialisé a donné un avis favorable au projet de modification de la décision du directeur général de FranceAgriMer du 11 décembre 2018 relative à la mise en œuvre des programmes de soutien au secteur de l’huile d’olive et des olives de table, prévus dans le cadre de l’Organisation commune de marchés.
Les modifications proposées s’inscrivent dans le cadre du règlement transitoire adopté par le Parlement européen et le Conseil le 23 décembre 2020 pour la période 2021-2022, en attendant l’entrée en vigueur de la nouvelle PAC en 2023. Pour le secteur de l’huile d’olive et des olives de table, les programmes de travail actuels prendront fin le 31 mars 2021. De nouveaux programmes de travail devront être mis en œuvre pour la période du 1er avril 2021 au 31 décembre 2022.
Six domaines d’actions sont éligibles à l’aide européenne :
- le suivi et la gestion du marché dans le secteur de l'huile d'olive et des olives de table
- l’amélioration de l'incidence environnementale de l'oléiculture
- l’amélioration de la compétitivité de l'oléiculture par la modernisation
- l’amélioration de la qualité de la production d'huile d'olive et d'olives de table
- la traçabilité, la certification et la protection de la qualité de l'huile d'olive et des olives de table
- la diffusion d'informations sur les mesures menées par les organisations bénéficiaires afin d'améliorer la qualité de l'huile d'olive et des olives de table
Le montant d’aide global fixé par l’Union européenne passe de 576 000 € à 554 000 € pour 2021 et 2022, avec une avance plafonnée à 90 %. Un pourcentage minimal du montant de l’aide européenne doit être affecté aux domaines d’action suivants : amélioration de l'incidence environnementale, poursuite de l'amélioration de la qualité de l'huile d'olive et des olives de table, amélioration de la compétitivité de l'oléiculture.
Le taux de financement de l’Union européenne varie de 50 à 75 % suivant les domaines d’action. Une aide nationale complémentaire pouvant aller jusqu’à 50 % des coûts exclus du financement européen, plafonnée à 140 000 € par an, est également octroyée à cette filière.
La zone régionale retenue pour la réalisation des actions du programme n’est plus limitée à 13 départements. Elle est étendue à la zone de production de l’olivier située dans les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie et Nouvelle Aquitaine.
Les organisations éligibles pour la réalisation du programme sont les organisations de producteurs, les associations d'organisations de producteurs et les interprofessions reconnues dans le secteur oléicole.