2020
Conseil spécialisé "Grandes Cultures-marchés céréaliers" du 14 octobre 2020
Nouvelles prévisions de commercialisation pour les céréales françaises : achats massifs de la Chine
- Blé tendre : l’assouplissement du cahier des charges algérien ne dessert pas le blé français
FranceAgriMer a révisé à la baisse de 300 000 tonnes ses prévisions de collecte de blé tendre à moins de 27 Mt (millions de tonnes), à due proportion de la nouvelle révision à la baisse des prévisions de récolte par le SSP.
Les prévisions d’utilisations de blé tendre sur le marché français sont légèrement ajustées par rapport au mois dernier (- 46 000 tonnes), en particulier pour l’alimentation humaine (meunerie, biscotterie, biscuiterie…), dans un contexte de sortie de crise COVID un peu plus lente qu’espéré en début de campagne.
Les prévisions de ventes vers l’Union européenne sont maintenues à 6,4 Mt et les prévisions d’exportations vers les pays tiers sont portées à 6,7 Mt (+ 100 000 tonnes par rapport au mois dernier) en raison du regain de compétitivité des blés français face aux origines baltes et Mer noire, dont les prix se rejoignent désormais.
Fait marquant de la campagne, FranceAgriMer note la forte progression des achats chinois auprès de la France sur les trois premiers mois de la campagne 2020/21 par rapport aux campagnes précédentes, en raison d’une moindre récolte domestique, de la reconstitution plus rapide que prévu du cheptel porcin décimé par la peste porcine africaine, de l’essor des élevages avicoles en Chine pour compenser la moindre production de viande de porc , mais aussi de la constitution probable de stocks de sécurité pour parer à l’éventualité d’une nouvelle crise sanitaire.
Avec plus de 360 000 tonnes de blé français achetées depuis juillet, la Chine devient l’un des principaux acheteurs de la France en ce début de campagne, à parité avec l’Algérie et l’Afrique subsaharienne. Reste à évaluer la pérennité d’un tel dynamisme à moyen terme, même si la France est aujourd’hui l’un des rares pays habilité à exporter vers cette destination.
Les achats algériens sont en repli au cours du premier trimestre de la campagne 2020/21, en raison de l’avance prise par l’Algérie en fin de campagne 2019/20 concernant ses importations dans le contexte COVID.
L’assouplissement du cahier des charges algérien pour les dommages causés par les insectes, ne devrait pas desservir les blés français au profit des blés russes compte-tenu des conditions restrictives prévues par l’Algérie. Le taux de grains endommagés par les insectes est en effet porté à 0,5 % uniquement pour les blés atteignant 12,5 % de taux de protéines. Il est en revanche maintenu à 0,1 % pour les blés à 11 % de taux de protéine, seuil respecté par les origines françaises mais généralement dépassé par les origines Mer noire.
L’Algérie devrait donc rester un client majeur pour la France.
Au total, le stock de blé de fin de campagne s’allègerait à 2,6 Mt (- 300 000 tonnes par rapport aux prévisions du mois dernier), en raison de la baisse des estimations de production et de collecte.
- Blé dur : un stock de fin de campagne très faible
Avec des disponibilités (collecte, importations et stock de report de la campagne précédente) revues à la baisse, le stock de fin de campagne au 30 juin 2021 est désormais attendu à 80 000 tonnes, soit un ratio stock/consommation de 5 % seulement. Les utilisations prévues sont quasiment inchangées par rapport au mois dernier avec un léger rééquilibrage des exportations entre Union européenne et pays tiers.
- Orges : la Chine, premier client de la France
Suite à la révision des estimations de récolte par le SSP, les disponibilités françaises pour le marché sont revues en forte baisse à 10,2 Mt (- 0,6 Mt par rapport au mois dernier), en incluant collecte, stock initial et importations.
Les utilisations domestiques sont désormais prévues à 2,1 Mt dont 1,35 Mt pour les fabricants d’aliments du bétail et 275 000 tonnes par les malteurs français.
Les prévisions de ventes vers l’Union européenne sont maintenues à près de 2,8 Mt. En revanche, les prévisions d’exportations vers pays tiers sont révisées à la baisse à 2,9 Mt (- 0,1 Mt par rapport au mois dernier), en raison du renchérissement du prix des orges françaises, moins compétitives sur le marché mondial que d’autres origines, notamment Mer noire, et des incertitudes sur la pérennité du dynamisme de la demande chinoise.
Avec près de 1,1 Mt d’orges françaises achetées au cours du premier trimestre de la campagne soit 96 % des achats totaux, la Chine est devenue le 1er client de la France alors que l’Arabie saoudite et le Maroc sont, pour l’heure, absents.
L’Australie, exportateur d’orges majeur exclu du marché chinois en raison de droits de douane prohibitifs, pourrait se tourner vers l’Arabie saoudite ou des zones de chalandise plus proches, comme la Thaïlande ainsi que répondre à la reprise de la demande fourragère intérieure après trois années de sécheresse.
Au total, le stock français d’orge s’élèverait à un peu plus d’1 Mt en fin de campagne, en baisse de 350 000 tonnes par rapport au mois dernier du fait de la baisse des disponibilités, en partie compensée par la baisse d’autres utilisations.
- Maïs : regain de compétitivité vers le Nord-UE et l’Espagne
Les prévisions de collecte sont révisées en forte baisse par rapport au mois dernier à 11,2 Mt (- 0,6 Mt) en raison de la forte révision des estimations de récolte par le SSP.
Si les utilisations intérieures sont maintenues au même niveau que le mois dernier, les prévisions de vente vers l’Union européenne sont portées à plus de 4 Mt (+ 0,3 Mt par rapport au mois dernier) en raison du regain de compétitivité des maïs français vers le nord de l’Union européenne et vers l’Espagne, face au maïs ukrainien et roumain. En effet, la récolte roumaine a été révisée en forte baisse cette année suite à une sécheresse importante dans l’Est du pays.
Au total, le stock de maïs français atteindrait 2,2 Mt en fin de campagne, en baisse de 0,9 Mt par rapport au mois dernier.
Céré’Obs : état d’avancement de la récolte en maïs et des semis d’automne
Au 5 octobre 2020, la moitié des surfaces de maïs était récoltée. Les températures de septembre ont accéléré le cycle de développement des épis. La sécheresse au moment de la floraison et les conditions d’accès à l’eau ont eu un impact sur le potentiel de rendement, qui peut, dans les cas extrêmes, varier du simple au double dans un même département en fonction de la possibilité et de la conduite de l’irrigation sur la parcelle.
Les semis d’automne ont démarré dans de bonnes conditions il y a deux semaines, d’abord en Lorraine, puis en Champagne Ardenne. Les pluies persistantes des derniers jours ont toutefois ralenti les semis.