2016
Publication : Panorama mensuel des marchés céréaliers
Les marchés ont retrouvé un peu d’animation au cours du mois écoulé. Dans un premier temps, les pluies qui sont abondamment tombées, en Argentine, sur des sojas arrivés à maturité, ont provoqué sur le marché à terme américain du soja une vague d’achat par les fonds d’investissement. Le mouvement s’est étendu au maïs, sur la base de la dégradation des perspectives de rendement de la 2ème récolte brésilienne (safrinha), qui fournit des volumes essentiellement destinés à l'exportation. Si les évolutions défavorables de la météo ne suffisent pas à modifier radicalement les perspectives sur le marché mondial des céréales, un marché qui reste lourd en cette fin de campagne 2015/16 et qui s’annonce de même nature en 2016/17, elles ont néanmoins suffi à mettre en risque les positions prises jusqu’alors par certains opérateurs, sur les marchés à terme comme sur le marché physique, et à modifier la dynamique des prix. Les éléments extérieurs au marché des céréales, néanmoins déterminants pour ce dernier, que sont le taux de change du dollar et en particulier la valeur de l’euro par rapport à la monnaie américaine, le prix du pétrole et le coût du transport maritime, sont bel et bien repartis à la hausse en ce printemps 2016.
Ces dernières semaines, la hausse de l’euro par rapport au dollar, qui, toutes choses égales par ailleurs, a pour effet de renchérir le coût des céréales communautaires sur le marché mondial, a rendu nécessaire un positionnement volontariste en matière de prix à l’exportation. Dans le même temps, le renchérissement du maïs ukrainien, emmené par le marché à terme américain et par l’ampleur des ventes à la Chine, mais aussi du blé ukrainien (à la faveur d’un report de demande en maïs vers le blé fourrager), a ouvert une fenêtre de tir pour l’origine communautaire, en particulier française, et a permis notamment des exécutions de ventes initialement libellées en origine optionnelle à partir de marchandises françaises. Des débouchés additionnels, qui n’étaient pas nécessairement attendus, s’ouvrent ainsi de manière très opportune pour l’origine française et s’ajoutent à la demande vigoureuse émanant de l’Algérie et du Maroc, en cette période qui constitue la dernière ligne droite pour alléger les stocks avant l’arrivée de la nouvelle récolte. En effet, le bilan français du blé tendre mis à jour par FranceAgriMer à la mi-mai laisse entrevoir, outre un stock lourd sur le marché, des volumes très importants encore en ferme fin juin 2016. Il y a là, assurément, un potentiel de ressources pour répondre à la demande dès l’inter-campagne.