2018
CONFÉRENCE SPACE 2018 : La transformation laitière, stratégies et tendances d’évolution
Benoît Rouyer, directeur du service Économie et Territoires au CNIEL a dressé le panorama des grandes tendances d’investissement dans le monde et en Europe, ainsi que les principales opérations de croissance externe. Puis Myriam Ennifar, chargée de la filière lait de vache et adjointe à la cheffe de l’unité Élevage à FranceAgriMer, a présenté les dernières évolutions structurelles de la transformation laitière en France.
Un marché laitier mondial, en pleine croissance, à la recherche d’éthique et de naturel
Benoit Rouyer constate que « la stratégie des opérateurs laitiers se définit en fonction des mouvements conjoncturels tels que la baisse brutale des achats chinois de poudre de lait, l’embargo russe ou encore la réhabilitation du beurre». Entre 2000 et 2014, le prix du beurre valait entre 0,5 et 1,5 fois celui de la poudre de lait écrémé. Depuis 2015, il ne cesse de progresser. Ce phénomène permet d’estomper le différentiel de compétitivité entre la France et la Nouvelle-Zélande.
Avec 427 milliards d’euros, en 2017, le marché mondial des produits laitiers s’accroît globalement. Cette croissance est concentrée dans quelques zones (Asie Pacifique, Amérique latine, Moyen-Orient Afrique, Europe de l’est). Les échanges mondiaux concernent essentiellement des produits laitiers secs (poudre de lait…) et les fromages. L’économiste du Cniel indique que « les allégations éthiques (emballage durable, bien-être animal) et/ou naturelles (pas d’additifs, de conservateurs, bio, non-OGM) sur les nouveaux produits alimentaires se développent fortement à l’échelle mondiale ».
Des transformateurs laitiers français orientés sur la valeur
Au sein de l’Europe, la France compte parmi les principaux exportateurs de produits laitiers vers les pays tiers. Malgré l’importance du poids de l’exportation dans les débouchés de l’offre française, son développement ne constitue pas une priorité absolue. À la différence des voisins européens, la filière française reste attachée à la maîtrise des volumes. C’est donc la demande qui conditionne les volumes à produire. Ce positionnement de filière limite la présence des opérateurs français sur les marchés à l’export de gros volumes peu segmentés. D’autre part, comme l’indique Benoit Rouyer, « ce positionnement permet aux opérateurs français d’asseoir davantage leur rayonnement international, en développant des implantations industrielles à l’étranger ».
L’international, au cœur de la stratégie des leaders mondiaux
Au cours des dernières années, la croissance externe à l’international des entreprises laitières est le moteur du développement. « L’évolution récente des investissements en termes de produits laitiers indiquent deux tendances. Nous notons une diminution des nouveaux projets dans le domaine des ingrédients secs et un fort développement des nouveaux projets dans le domaine des fromages », signale Benoît Rouyer. Des projets importants sont en cours de déploiement aux États-Unis, en Russie et en Irlande. La France suit aussi cette tendance avec 24 projets fromagers, d’un montant de 125 millions d’euros sur la période 2017 et 2018.
Vers des modifications structurelles des outils de transformation laitière française
Le secteur de l’industrie laitière est un atout majeur pour la filière lait de vache. La France dispose de grands groupes laitiers, dont quatre dans le top 20 mondial en 2017 (Danone, Lactalis, Sodiaal et Savencia). Ces groupes sont présents à l’international via leurs exportations (40% du lait produit en France est destiné à l’exportation) ou leurs implantations à l’étranger. L’industrie laitière française se distingue également par sa large gamme de produits laitiers fabriqués, produits de grande consommation et produits industriels.
Le secteur de la transformation laitière en France a connu, entre 2014 et 2017, de nombreuses restructurations : acquisitions, fusions, investissements, qui ont modifié le paysage industriel.
« Si cette restructuration a été guidée par la bonne conjoncture de 2014, qui avait incité de nombreux industriels à se lancer dans la construction de tours de séchage ou d’usines de transformation pour pouvoir gérer la hausse de la production laitière, l’évolution depuis 2016 est motivée par la croissance de la demande à l’exportation pour les produits laitiers, notamment pour les poudres infantiles », indique Myriam Ennifar.
« De nouveaux projets ont vu le jour en 2018, alors que les signes d’une embellie commencent à apparaître pour la filière laitière française. Ils pourraient modifier l’organisation du maillon aval de la filière laitière et renforcer sa compétitivité en France comme à l’international, d’autant plus que les investissements des groupes français à l’étranger se multiplient », souligne Myriam Ennifar.
Pour en savoir plus
Consultez ci-dessous l'intégralité du communiqué de presse ainsi que l’étude de FranceAgriMer sur « La transformation laitière française, les évolutions récentes », qui analyse les principaux événements intervenus dans l’industrie laitière française entre 2015 et 2017 et qui présente par produit ou famille de produits les évolutions observées ces dernières années concernant les niveaux de fabrication des sites industriels, le positionnement des groupes laitiers et la répartition géographique de la production en 2017.