2019
Conseil spécialisé « ruminants » du 12 novembre 2019
Programme de travail du conseil spécialisé en 2020-2021
Le conseil spécialisé « ruminants » qui réunit désormais les filières ruminants lait et viande a fait le choix après délibération de travailler en 2020-2021 sur cinq grands enjeux pour les filières élevage:
- le bien-être animal
- la PAC
- l’autonomie protéique
- la compétitivité
- le changement climatique
Il pourra s’appuyer sur des groupes de travail thématiques, pilotés par un membre du conseil.
Constitution d’un groupe de travail sur le bien-être animal à FranceAgriMer
Le CNIEL, INTERBEV et l’ANICAP ont présenté au conseil les travaux de leurs filières respectives en matière de bien-être animal, un enjeu stratégique vis-à-vis des attentes de la société. Les interprofessions sont engagées depuis plusieurs années, dans une démarche de concertation avec des ONG welfaristes, pour définir le bien-être animal, élaborer des guides de bonnes pratiques, mettre en place des outils et indicateurs d’évaluation et d’autodiagnostic pour les éleveurs (BoviWell pour la filière bovine et GoatWell pour la filière caprine). Les travaux s’appuient aussi sur la science et la R&D en partenariat avec l’INRA, l’ANSES et l’IDELE. Des thématiques très variées sont étudiées dans ce cadre : réduction des mammites et des boiteries des animaux, castration et écornage, aires d’exercice, conditions de transport, identification des signes de conscience de l’animal lors de l’abattage. L’ambition est de fédérer l’ensemble des filières animales autour d’une approche commune du bien-être animal, de construire et développer un référentiel de bonnes pratiques, établi en concertation avec les ONG et partagé par l’ensemble des éleveurs.
Les filières souhaitent désormais mener une réflexion plus approfondie sur l’impact économique du bien-être animal, en termes de production mais aussi de transport, de traçabilité et de valorisation. À cette fin, Il est décidé de constituer un groupe de travail animé par FranceAgriMer, qui pourra être commun au conseil spécialisé viandes blanches si ce dernier valide la démarche.
Les orientations stratégiques de l’INRA dans le domaine de l’élevage
De son côté, l’INRA a conduit une prospective scientifique interdisciplinaire « science pour les élevages de demain », en vue de dégager une vision de l’avenir de l’élevage et des recherches à conduire.
Si l’activité d’élevage est importante pour l’économie des territoires, elle est aujourd’hui confrontée à des enjeux environnementaux et sociétaux importants, dans un contexte socio-économique souvent difficile. La révolution verte a permis des gains de productivité considérables, mais il est nécessaire aujourd’hui de repenser les modes d’élevage dans un monde dont les ressources ne sont pas infinies, souligne l’Institut qui s’est fixé quatre priorités de recherches :
- développer des élevages créateurs de valeurs et répondant aux attentes sociétales ;
- mieux utiliser l’aptitude des animaux à valoriser des biomasses variées pour une agriculture bouclant les cycles de nutriments ;
- adapter les animaux et proposer des conduites d’élevage plus durables ;
- faire entrer l’élevage dans l’ère du numérique.
Les enjeux de la normalisation volontaire pour les viandes
Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a informé le conseil spécialisé de la montée en puissance de la Chine dans le domaine de la normalisation, en vue de promouvoir les normes chinoises à l’échelle internationale. La Chine a ainsi pris la présidence d’un des sous-comités ISO chargé de la normalisation des viandes, volailles, œufs et poissons, où la France, simple observateur, n’a pas de droit de vote contrairement à d’autres pays comme l’Espagne, l’Irlande, la Pologne, la Roumanie, la Russie ou les États-Unis. Huit projets sont en cours. Sans commission nationale miroir, gérée par l’AFNOR, la France ne participera pas aux travaux et les intérêts des professionnels français ne pourront pas être pris en compte, souligne le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Les interprofessions vont examiner ce sujet en interne et reviendront vers FranceAgriMer pour organiser une concertation et si nécessaire, un groupe de travail inter-filières (ruminants, porcs et volailles) en vue de la création d’un groupe « viande » à l’AFNOR.
Conjoncture économique : impacts de la sécheresse estivale sur les filières ruminants
Si de nombreux pays dont la France ont subi de fortes températures et un déficit de précipitations pendant les trois mois d’été, d’autres ont été épargnés comme les îles britanniques.
Les conditions climatiques favorables au Royaume-Uni ont ainsi confirmé la reprise de la production ovine entamée depuis le printemps, entraînant une baisse des cours dans ce pays et une augmentation sensible des exportations vers la France par rapport à 2018. Cet afflux de viande britannique a fait pression sur les prix français. En Irlande comme au Royaume-Uni, la collecte laitière est en hausse, en particulier durant l’été, ce qui a permis de soutenir la production européenne malgré le repli constaté dans d’autres États membres.
En France, la sécheresse a entraîné un déficit de la pousse d’herbe des prairies permanentes sur une large moitié Est du pays. Concernant les cultures, le maïs est le plus touché, entraînant une hausse du prix de l’aliment du bétail, d’après les indices IPAMPA.
Dans la filière lait de chèvre, les chaleurs ont probablement impacté les lactations, car la collecte n’a pas progressé malgré l’augmentation du cheptel. Les stocks de produits de report ont été largement sollicités pour maintenir le niveau de fabrication de produits à base de lait de chèvre, d’autant que les importations de lait de chèvre sont en forte baisse.
Dans la filière lait de vache, l’impact de la sécheresse semble moins prononcé qu’en 2018 depuis le mois d’août mais le niveau de production reste bas, ce qui contribue à soutenir le prix du lait réel payé au producteur. Les abattages de vaches laitières sont supérieurs de 5 % en septembre par rapport à 2018. À cela s’ajoutent les abattages de vaches allaitantes en hausse depuis juillet, ce qui suggère une poursuite de la décapitalisation. Dans un contexte de marché européen chargé, les cours sont en repli.
Les perspectives 2020 pour les filières ruminants sont placées sous le signe de l’incertitude et dépendront en grande partie des stocks de fourrage pour l’hiver, des disponibilités en aliment du bétail, du dénouement du Brexit et de l’impact des « taxes US Airbus » mises en place par les États-Unis à l’encontre des produits laitiers provenant d’Italie, d’Irlande, d’Espagne et du Royaume-Uni, lesquels pourraient se reporter sur certaines destinations françaises.
Lancement d’un groupe de travail inter-administrations sur la dégradation du solde commercial agricole et agroalimentaire français
À l’occasion de ce conseil spécialisé, FranceAgriMer a également annoncé le lancement d’un groupe de travail inter-administrations chargé d’une analyse macroéconomique et par filière des causes de la détérioration de la balance commerciale agricole et agroalimentaire de la France.
Le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a en effet adressé une lettre de mission à la Directrice Générale de FranceAgriMer en vue de créer ce groupe de travail qui associera le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, le Ministère de l’Économie et des Finances et le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères mais aussi des établissements publics tels que France Stratégie et l’INRA, suite à un audit de la Cour des Comptes et à ses recommandations adressées au Premier ministre :
Ce groupe de travail devra notamment expertiser les facteurs explicatifs de l’évolution des parts de marchés à l’export mais aussi à l’import, notamment :
- l’évolution de la production française
- les coûts de production et la logistique
- la structure et l’internationalisation des entreprises, leurs dynamiques d’investissement et leur intégration dans les chaînes de valeur mondiales
- le rôle de la distribution et de la consommation hors domicile
- le rôle des réglementations et de la fiscalité
- l’effet des choix de consommation en France comme à l’étranger.
Ce groupe de travail, baptisé « GT diag comext » rendra compte de ses travaux à la Commission thématique interfilières International de FranceAgriMer, avec un point d’étape pour la prochaine réunion de cette commission prévue d’ici début janvier 2020.